Au cœur du parvis de Paris la Défense, le Cnit est une icône de l’architecture moderne. Depuis 1958, ce Centre national de l’industrie et des techniques a vécu trois vies. D’abord centre d’exposition jusqu’en 1989, puis business center, il est depuis 2009 un complexe tertiaire. Mais la magnifique toiture en béton brut est sombre dans la journée. En bref, le souhait du gestionnaire Unibail-Rodamco-Westfield est d’avoir « plus de lumière ». À la demande de Jean-Luc Crochon de Cro&Co Architecture, le studio BOA est sollicité pour mettre en valeur la voûte. Avec des projecteurs LED Anolis Lighting, il vient de réaliser son nouvel habillage lumière poétique.
Cnit, une architecture moderne monumentale
Comme une extension de Paris vers l’ouest, le Cnit est la première pierre du plan d’aménagement du quartier de la Défense imaginé à partir du début des années 50, à la demande du ministère de la Reconstruction d’alors. Ce bâtiment fut inauguré du quartier en 1958. Il a été conçu par les architectes Bernard Zehrfuss, Robert Camelot et Jean de Mailly, tous trois grands prix de Rome. Une collaboration avec des ingénieurs talentueux comme Nicolas Esquillan pour la voûte et Jean Prouvé pour les façades, mais aussi Bernard Laffaille et René Sarger.
Dans un élan de créativité architecturale, l’équipe donne naissance à une merveille de béton et de lumière à Paris la Défense. Une voûte impérieuse s’élevant de trois piliers, unissant le ciel au sommet d’un triangle sous le hall d’accueil. Sa coque double de six centimètres d’épaisseur, fine comme deux souffles de vie, devient le symbole de cette architecture monumentale. Avec ses bras étendus de 218 mètres de portée et une étreinte de verre de 206 mètres de long, les trois façades laissent filtrer les rayons du soleil.
Ramener du ciel sur la voûte en béton du hall d’accueil
Le projet lumière s’inscrit dans une séquence de travaux de modernisation menée par l’architecte Jean-Luc Crochon, de Cro&Co Architecture. Compte tenu du volume architectural monumental, l’équipe des concepteurs lumière doit créer une sensation lumineuse différente dans le grand hall d’accueil.
« L’idée est de ramener le ciel sur la voûte de manière poétique, sensible et sculpturale. »
Tel un éclairage architectural parfaitement intégré, « nous avons proposé de donner du relief et de faire émerger cette voûte qui est sublime. Il s’agit de créer une sensation de lumière par sa présence lumineuse. Les sensations de lumière sont mieux perçues, c’est psychologique, et au niveau du sol, cela améliore la perception du lieu », poursuivent-ils.
Ce mouvement du ciel guidé par BOA devient un message d’espoir, une preuve que même la matière la plus brute peut être touchée par la grâce. Et dans la résonance de cette voûte en béton, chacun peut entendre l’écho de ses propres rêves.
Éclairage indirect audacieux de Paris la Défense
Le concept choisi est donc d’éclairer la voûte en indirect, le tout depuis les toits des derniers bureaux à l’intérieur du monument. « Comme nous avions besoin de puissance lumineuse, nous avons choisi les plus gros projecteurs de chez Anolis, les Calumma XL SC », développe Nedir Benkhelifa. En effet, les LED de cet appareil fournissent jusqu’à 10 955 lumens.
« Cette demande coïncidait avec le lancement d’une nouvelle génération de projecteurs », se rappelle Bruno François, chef de produit Anolis et responsable prescription installation du marché architectural du fabricant. « Après le choix de ce modèle, Unibail-Rodamco-Westfield a passé une commande pour la démo. Nous avons alors fait fabriquer huit appareils en version RGBW. »
Essai lumière des Calumma XL SC, Anolis Lighting
En février-mars l’an dernier, des tests avec huit projecteurs Calumma XL SC sont organisés dans le Cnit. Les appareils sont placés à un endroit assez proche de la position finale, mais inaccessible aux occupants pendant les essais.
En deux sessions sur quinze jours, ils permettent aux concepteurs lumière du studio BOA de confirmer plusieurs points de cet éclairage indirect et latéral, difficile à modéliser correctement en simulation 3D.
• Confirmer l’optique native de 10° à faisceau intensif.
• Affiner la position des projecteurs : ni trop haut ni trop bas.
• Valider les températures de couleur imaginées.
• Tester l’effet lumière d’optiques linéaires.
Le pilotage en 8 canaux des Calumma avec contrôle de la température de blanc et de la déviation colorée du magenta-vert a permis d’affiner les teintes souhaitées par BOA très rapidement et facilement.
« Ce qui était simple avec eux, c’est que nous avons pu créer différentes teintes lors des essais », se rappelle Nedir Benkhelifa. « Mais nous ne voulions pas que la mise en lumière soit un manège de couleurs comme mettre du rouge pour Noël ! Nous avons donc choisi du blanc variable. »
Pour Unibail-Rodamco-Westfield, c’est aussi l’occasion d’être rassuré sur la proposition artistique dans le quartier emblématique de Paris la Défense, mais aussi d’avoir des retours positifs des bailleurs comme la SNCF sur ce qu’est un éclairage architectural lumineux et bien conçu.
Implantation des projecteurs en éclairage architectural
Au niveau de l’implantation lumière, trois fois huit projecteurs sont disposés au pied des voûtes. L’éclairage n’est pas frontal, mais latéral. Telle une coquille Saint-Jacques, il crée du relief et du volume sur la voûte. Il révèle les rainures de la coque en béton en créant des ombres douces.
Chaque îlot regroupe huit projecteurs. Pour éviter l’éclairage des garde-corps des terrasses, les Calumma XL SC de treize kilogrammes sont montés sur des trépieds en métal. À la couleur du projecteur noir graphite RAL 9011, ils sont fabriqués par l’installateur Citeos. De 1,2 mètre de haut, soit à hauteur d’homme, ils facilitent grandement le réglage lumière précis.
Le corps des appareils est en aluminium moulé sous pression IP67 et IK10. Parfaitement étanches, ils sont donc conçus pour résister à toutes les conditions d’humidité et de température extérieures comme intérieures.
Pilotage des séquences selon la sensation de luminosité
Les 24 projecteurs sont pilotés en DMX/RDM, via un système Pharos. Lumières Utiles a réalisé le pilotage lumière pour BOA et la programmation des séquences éclairage de l’installation.
« Les projecteurs ne sont pas tous allumés en même temps. 1/3 s’éteignent pendant que 2/3 travaillent, et parfois c’est l’inverse, 2/3 sont éteints alors qu’il y en a 1/3 allumés. Mais, ce sont des séquences courtes pour garder toujours cette sensation de luminosité sur un cycle de 15 minutes environ. »
Depuis le parvis intérieur du Cnit, les projecteurs sont parfaitement invisibles pour les utilisateurs. Imperceptiblement, les vagues d’éclairage architectural opèrent. La lumière révèle la voûte avec simplicité, et la magie fait le reste.
Respiration lumière en teintes chaudes de la voûte
Les projecteurs Calumma XL SC sont équipés de deux teintes de LED : 2 700 K et 4 000 K. Dans cette plage de blanc variable, « nous avons travaillé les lumières avec des tonalités chaudes, plutôt très chaudes, on a évité les teintes froides », précise Nedir Benkhelifa. La raison : « Le béton lui-même était très froid, très brut, l’éclairage avec du blanc froid lors des essais montre plus les quelques défauts et les différences de teintes du matériau, ce n’était pas très esthétique ni gracieux. »
« Nous avons créé des mouvements de respiration de lumière lents, comme s’il y avait un nuage au-dessus qui entrait dans le bâtiment », raconte le concepteur lumière. « Comme si nous étions baignés dedans en jouant sur ces vaguelettes. Ce mouvement est inspiré d’un nuage qui passe devant le soleil, vous savez, quand une ambiance lumineuse change. » Comme aime à le rappeler Nedir Benkhelifa :
« La simplicité est la sophistication suprême. »
Léonard de Vinci
Crédits
© Texte : Vincent Laganier – LightZoom Lumière – © Photos : La Chouette Photo – Olivier Hannauer
Infos: https://robelighting.fr